Buddy HomeCare: Bonnes pratiques primées en Thaïlande
Système communautaire de gestion et de suivi des soins aux personnes âgées
Buddy HomeCare a été lancé par la Fondation pour le développement des personnes âgées (FOPDEV) en 2012. L'entreprise sociale a remporté le prix Healthy Aging Prize for Asian Innovation (HAPI) dans la catégorie technologie et innovation en 2020 pour son application de suivi. Le directeur général, Sawang Kaewkantha, explique dans une brève interview pourquoi Buddy HomeCare est si exceptionnel.
1999 a été proclamée Année internationale des seniors par les Nations unies. C'est à cette occasion qu'a été créée la Fondation FOPDEV, qui a ensuite lancé le concept de "Buddy HomeCare" (BHC). Après une phase de développement de trois ans, le gouvernement a financé un projet pilote de deux ans en 2015. L'objectif de BHC est de garantir de bons services de soins à domicile à toutes les personnes âgées, y compris celles à faibles revenus. Le programme BHC offre une solution intergénérationnelle aux problèmes multiples des seniors ayant besoin de soins, mais aussi des jeunes autochtones vivant dans la pauvreté et ayant des possibilités d'éducation limitées dans les montagnes thaïlandaises. Sawang Kaewkantha explique : "Les jeunes autochtones n'ont pas la possibilité d'étudier parce qu'ils doivent venir en ville. Cela signifie que cela coûterait très cher à la famille du village. Beaucoup d'entre eux pourraient être exploités de l'extérieur ou recevoir des salaires journaliers bon marché". Il s'agit des jeunes autochtones des tribus Karen, Lahu et Hmong. Il s'agit de - groupes ethniques minoritaires parlant leur propre langue qui vivent dans le nord de la Thaïlande et au Myanmar avec leur propre langue. Le BHC leur offre une formation d'infirmière. Cela leur permet de contribuer au bien-être des seniors tout en leur offrant de meilleures perspectives de carrière. Pour leurs familles, c'est un grand soulagement de voir la jeune génération devenir financièrement indépendante. Elles suivent une formation de trois mois à la faculté d'infirmières de l'université de Chiang Mai. "Nous les appelons assistants car ils ne sont pas bénévoles mais rémunérés pour ce travail. Ces assistants peuvent à leur tour transmettre leurs connaissances aux bénévoles de la communauté. Ces derniers n'ont qu'à suivre un cours de cinq jours sur les soins aux seniors et sur la manière de travailler avec les personnes âgées de la région. (...) En même temps, ils exercent une fonction de supervision", explique le directeur du BHC en décrivant d'autres avantages du concept. En Thaïlande, la responsabilité à l'égard des personnes âgées fait partie des normes sociales de base. De nombreuses personnes abandonnent leur travail pour s'occuper des membres âgés de leur famille. Sawang Kaewkantha, par exemple, est très heureux de pouvoir continuer à travailler grâce aux soignants du BHC. Sa femme a été victime d'un accident vasculaire cérébral il y a deux ans et a besoin de soins permanents depuis lors.
Une innovation réussie
Le prix HAPI n'a cependant pas été décerné au projet BHC pour ses énormes réalisations sociales, mais pour son utilisation innovante d'une application de suivi. Les nombreuses années d'expérience de la fondation dans le domaine des soins de proximité ont été mises à profit pour développer un nouveau système de suivi. Ce qui distingue le système de suivi de BHC des autres, c'est son approche d'entrepreneuriat social, qui vise une société juste pour tous, avec un impact sur différents groupes cibles. Grâce aux outils numériques, le travail peut être effectué de manière systématique et efficace. Le tableau de bord couvre l'évaluation, la planification des programmes de soins, la pratique des soins et la collecte de données. L'application comprend des fonctions permettant d'effectuer des examens de santé, de créer des programmes de soins individuels et d'effectuer des contrôles de suivi. Les données sont accessibles aux soignants et aux bénévoles, mais les membres de la famille peuvent également accéder aux informations en temps réel. Les infirmières ou les bénévoles du BHC effectuent ensuite des contrôles de santé de base, comme la mesure de la tension artérielle, et peuvent apporter leur aide pour les activités de la vie quotidienne, comme le bain, la coupe des ongles et des cheveux, et l'aide ménagère. Grâce à l'enregistrement et au suivi systématiques des données de santé, les anomalies peuvent être détectées et traitées rapidement. En outre, l'application permet d'évaluer les performances des soignants et d'avoir une vue d'ensemble de l'état de développement et de la situation des personnes âgées.
Projets futurs
L'impact social du projet est vaste et diversifié. Officiellement, le rendement social de Buddy HomeCare est cinq fois supérieur à l'investissement du gouvernement. En outre, le programme est très rentable et durable, car il offre à la fois des services rémunérés et des services communautaires. La fondation poursuit quatre stratégies. "La première est le développement communautaire et organisationnel. La deuxième est le partage d'information, la gestion des connaissances. La troisième est la mise en réseau", énumère Sawang Kaewkantha, avant d'ajouter : "Le dernier point est la collecte de fonds ; c'est très important car Buddy HomeCare a l'intention d'étendre son modèle d'entreprise à Bangkok et dans d’autres régions à l'avenir". L'entreprise a obtenu une subvention de la société thaïlandaise "Prueksa" pour mettre en place une maison de repos modèle de dix lits. "Nous travaillons sur ce projet en collaboration avec une église locale. Mais l'objectif reste de soutenir les personnes âgées localement, dans un environnement familier, le plus longtemps possible. La maison de repos ne devrait être qu'une solution d'urgence. Seules les personnes âgées seules qui ont besoin de soins et qui ne peuvent compter sur l'aide du voisinage sont hébergées ici.
Interview : Samira-Salomé Hüsler, Rhea Braunwalder
Texte : Monika Freund Schoch
Traduction : Rhea Braunwalder
En savoir plus :
Buddy HomeCare EN
Healthy Aging Prize for Asian Innovation EN
Sur l'image ci-dessous : Le directeur général de "Buddy HomeCare", Sawang Kaewkantha
CareTable : une technologie innovante pour divertir les résidents dans les établissements de soins
Entretien avec le fondateur de « CareTable », Monsieur Christoph Schneeweiss
Le vieillissement de la société pose de grands défis aux établissements de soins. De nombreuses nouvelles technologies sont actuellement en développement pour alléger cette charge, et l'une d'elles est le CareTable. Cet appareil à écran tactile surdimensionné a été spécialement conçu pour améliorer la qualité de vie des résidents dans les centres gériatriques et les établissements de soins. Un entretien avec le fondateur de cette entreprise en pleine expansion offre un aperçu de la création du CareTable, de ses fonctionnalités, des défis rencontrés et des réflexions éthiques entourant cet outil.
Monika Freund Schoch (MFS) : Aujourd'hui, nous avons le plaisir d'accueillir Monsieur Christoph Schneeweiss, qui va nous parler d'une technologie prometteuse dans le domaine des soins aux personnes âgées : le CareTable. Merci d'avoir pris le temps de discuter avec nous. Pourriez-vous nous présenter un peu le produit ?
Christoph Schneeweiss (CS) : Oui, bien sûr. Merci de me recevoir. Je suis ravi de pouvoir parler du CareTable, un produit que nous avons lancé il y a près de quatre ans. Le CareTable, qu’est-ce que c’est exactement ? Il faut l'imaginer comme une tablette surdimensionnée. Il s'agit d'un grand écran tactile, presque comme une télévision, monté sur des roulettes et pouvant être ajusté en hauteur et en inclinaison pour répondre aux besoins des résidents des maisons de retraite et des établissements de soins. Ce qui est unique, c'est que cet appareil ne propose pas d'applications classiques comme sur un iPhone ou un appareil Android, mais des applications spécialement conçues pour les soins aux personnes âgées. Cela va des activités biographiques au sport et aux exercices, en passant par le divertissement sous forme de jeux – tout est pensé pour rendre la vie quotidienne dans ces établissements plus variée et joyeuse.
MFS : Cela semble intéressant. Comment est née l'idée du CareTable ? Quel a été le début de son développement ?
CS : L'idée originale est issue d’un mémoire de master à l’Université Martin-Luther de Halle, précisément dans la faculté des sciences infirmières. Lorsque nous avons fondé notre entreprise en 2019, nous avions initialement un tout autre projet. Nous souhaitions créer un prestataire de services informatiques pour le secteur des soins, mais cela n’a pas fonctionné comme prévu. Ensuite, l’université a contacté l’un de nos clients pour proposer une collaboration avec un étudiant qui écrivait son mémoire de master sur la manière dont les personnes âgées interagissent avec un grand écran tactile par rapport à des tablettes classiques. Nous avons alors développé un prototype, qui a été étonnamment bien accueilli par les résidents, certains l’utilisant jusqu’à quatre heures par jour. C’était pour nous un signe que nous étions sur la bonne voie, et nous avons ainsi continué à développer le produit. Aujourd’hui, le CareTable est utilisé dans environ 1 000 établissements en Allemagne, en Autriche, en Suisse (par exemple à Zurich, Dietlikon, Wallisellen, Erlinsbach, Willisau et Spiez) et au Luxembourg.
MFS : Quel a été votre rôle dans le développement du CareTable, et comment le produit a-t-il évolué ?
CS : Je suis l’un des deux fondateurs et j’ai créé le CareTable avec Tobias Jecht. Tobias s’occupe principalement du conseil clientèle et des ventes auprès des clients, tandis que je suis responsable des processus internes, du développement produit ainsi que des questions de personnel et de finances. Dès le début, il était clair que pour améliorer le CareTable, nous devions travailler en étroite collaboration avec les utilisatrices et utilisateurs – à la fois les soignant-e-s et les résident-e-s. Leurs retours ont été essentiels pour façonner un produit qui répond aux besoins des établissements de soins.
MFS : Avez-vous rencontré des difficultés lors du développement du CareTable ?
CS : Oui, absolument. Nous avions peu d’expérience au départ et avons dû beaucoup apprendre. L'une des premières erreurs a été de concevoir une version fixe du CareTable – une table avec quatre pieds, non mobile, et qui ne pouvait pas être ajustée en hauteur ou en inclinaison. Cela signifiait que de nombreux-se résident-e-s, notamment les personnes en fauteuil roulant ou alitées, ne pouvaient pas utiliser l’appareil. Début 2021, nous avons alors développé une version mobile et ergonomiquement ajustable, qui est celle utilisée aujourd’hui. Du côté logiciel, il y avait également peu d’applications au départ, mais nous avons considérablement élargi cette offre. Initialement, nous pensions que le CareTable serait surtout utilisé comme une « table de jeux », mais il est vite apparu qu'il avait bien plus de potentiel – par exemple, pour les activités biographiques, la stimulation cognitive et l'exercice physique.
MFS : Dans quelle mesure le CareTable et ses applications contribuent-ils à améliorer la qualité de vie des résident-e-s ?
CS : Le CareTable ouvre de nouveaux horizons numériques pour les résident-e-s. C’est fascinant de voir que les personnes âgées, contrairement aux idées reçues, aiment utiliser les appareils numériques lorsqu’elles sont correctement accompagnées. Dans les établissements de soins, il existe souvent un ratio d'une ou d’un aide-soignant-e pour 20 résident-e-s. Il est donc facile que certains résident-e-s passent inaperçus ou se replient sur eux-mêmes. Le CareTable permet, en quelques clics, de lancer un programme d'activation adapté à différents intérêts et niveaux de difficulté. Cela permet d'impliquer davantage de résident-e-s dans les activités, ce qui est bénéfique à la fois pour eux et pour le personnel soignant.
MFS : Quels sont les défis et les limites actuels du CareTable ?
CS : Bien sûr, tout n'est pas parfait. Le CareTable est un outil précieux, mais il ne résout pas tous les problèmes. Un des défis actuels est la personnalisation de l’appareil. À l’avenir, il sera possible de créer des profils pour les résident-e-s afin que leurs préférences personnelles et leur biographie soient intégrées aux programmes d'activation. Actuellement, nous utilisons des niveaux de difficulté généraux, mais l’objectif est de proposer des suggestions personnalisées en fonction des préférences et des activités passées des résident-e-s. Nous souhaitons également élargir la gamme des applications, notamment dans le domaine du sport et de l'exercice. Il y aura toujours des résident-e-s qui, en raison de limitations motrices ou cognitives, ne pourront pas utiliser l’appareil ou ne voudront tout simplement pas le faire. Il est donc important de rester réaliste et de ne pas susciter des attentes irréalistes.
MFS : Qu’en est-il de la protection des données ? Y a-t-il eu des préoccupations à ce sujet ?
CS : La protection des données est un sujet important dans le secteur des soins, et nous en tenons bien sûr compte. Certaines fonctions, comme la visiophonie ou la galerie photo, ont soulevé des préoccupations initiales, car elles impliquent des données personnelles. Nous avons cependant mis en place des contrats de traitement des données et des déclarations de confidentialité mises à jour, de sorte que ces fonctions peuvent être utilisées en toute sécurité. Si, à l’avenir, la personnalisation s’appuie sur les données des résidents, nous devrons veiller à garantir une protection des données irréprochable.
MFS : Y a-t-il autre chose que vous aimeriez dire à nos lecteurs ou auditeurs ?
CS : Oui, il est important pour moi de changer l’image que l’on se fait de l’âge. La technologie et la numérisation trouvent également un écho favorable dans les établissements de soins pour les personnes de plus de 80 ans. Il est erroné de dire que les personnes âgées ne s’intéressent pas à la technologie. Au contraire, lorsqu’on les accompagne correctement, elles y prennent beaucoup de plaisir. Nous devons cesser d’exclure les personnes âgées de ces offres en raison d’une vision dépassée de l’âge.
MFS : Merci beaucoup, Monsieur Schneeweiss, pour cet entretien passionnant !
CS : Merci à vous.
Entretien et texte : Monika Freund Schoch
Traductions :
EN : Monika Freund Schoch
FR : Rhea Braunwalder
IT : Lisa Kortmann
Avec le soutien de l'IA
Sur la photo ci-dessous : Christoph Schneeweiss avec CareTable
D-Free: La technologie au service des conséquences de l'incontinence urinaire
En 2017 l'entreprise DFree a lancé un senseur à ultrasons portable qui mesure le niveau de remplissage de la vessie. Par l'intermédiaire d'une application, les utilisateurs/trices ou le personnel soignant reçoivent une notification et peuvent se rendre à temps aux toilettes. Dfree a été testé en 2020/2021 dans le cadre d'une étude pilote menée par l'université Martin Luther de Halle-Wittenberg auprès de 18 patients urologiques souffrant de troubles de la fonction vésicale sur une période de trois mois (Schönburg et al. 2023). Les retours sur l'appareil ont été positifs, même si des propositions d'amélioration de la facilité d'utilisation ont été formulées. DFree a également été testé en milieu hospitalier avec le personnel soignant (Hofstetter et al. 2023). L'interview avec Ty Takayanagi, le vice-président marketing de DFree USA nous en apprend plus sur ce senseur à ultrasons encore unique en son genre.
Monsieur Takayanagi, qu'est-ce que Dfree et quelle est son origine ?
En 2015, nous avons examiné le marché de l'incontinence urinaire et avons constaté qu'il présentait un énorme potentiel. Environ 500 millions de personnes dans le monde, dont de nombreux seniors, sont touchées par l'incontinence urinaire. Les mesures courantes sont les protections anatomiques, les couches, les médicaments ou les opérations invasives. DFree est comme une minuterie pour la vessie. Il se fixe sur le bas-ventre à l'aide d'une bande adhésive et est relié à une application pour smartphone. Un chiffre sur une échelle de 1 à 10 indique le niveau de remplissage de la vessie. Lorsque le seuil est atteint, une notification est envoyée pour aller aux toilettes.
« DFree est comme une minuterie pour la vessie. »
Qui a participé au développement du produit et quel a été le feedback ?
Les membres de notre équipe viennent tous d'horizons différents : Le CEO était consultant dans le secteur de la santé et a eu l'idée initiale. Notre directeur technique a beaucoup de connaissances et d'expérience techniques, et j'ai une formation en vente et en marketing. Avant de lancer le premier produit sur le marché en 2017, nous avons réalisé plusieurs prototypes. Nous avons testé notre appareil avec de nombreux seniors et avec nos principaux clients, les maisons de soins, et nous avons reçu des commentaires sur ce qu'ils trouvaient bien et moins bien. Le premier produit était un grand senseur avec une batterie et un câble. C'était trop encombrant, car la taille du dispositif portable est très importante pour le confort. Maintenant, tout est intégré dans ce petit appareil. De plus, il fallait rendre l'appareil étanche, en cas de fuite d'urine.
Comment DFree contribue-t-il à améliorer la vie des personnes âgées ?
En fin de compte, il s'agit de renforcer la confiance en soi et la dignité. Nous avons parlé avec des personnes âgées qui ont honte de leur incontinence. Certaines cessent d'entretenir des contacts sociaux ou réduisent leur consommation de liquides pour cette raison. Nous voulons que les gens aient un peu plus confiance en eux et continuent à faire ce qu'ils aiment. Bien sûr, nous sommes conscients que DFree ne peut pas guérir l'incontinence urinaire. Les personnes souffrant d'incontinence sévère doivent toujours envisager d'autres solutions.
« En fin de compte, il s'agit de renforcer la confiance en soi et la dignité »
Quels sont les perspectives d'avenir de DFree ?
Nous avons déjà livré plus de 5000 unités au Japon et aux États-Unis. Plus de 500 institutions pour personnes âgées utilisent Dfree. Comme nous sommes une entreprise japonaise à l'origine, ils sont principalement au Japon. Nous voulons maintenant lancer le produit sur le marché européen. L'objectif serait d'obtenir une plus grande visibilité en Europe et de trouver ainsi des partenaires adéquats.
Comment voyez-vous le rôle de la technologie dans le domaine du vieillissement ?
Je pense qu'il est énorme. Au Japon, 25 % de la population aura bientôt plus de 65 ans. Il manque des personnes pour s'occuper des personnes âgées, et nous devons compter sur la technologie et la robotique pour les soutenir.
Interview, texte et traduction : Rhea Braunwalder
Pour en savoir plus :
Schönburg, Sandra Helen; Hofstetter, Sebastian; Buhtz, Christian; Paulicke, Denny; Stoevesandt, Dietrich; Jahn, Patrick et al. (2023): Der Einsatz des DFree-Ultraschallsensors für ein ausgewogenes Blasenmanagement. In: Aktuelle Urologie 54 (6), S. 457–463. DOI: 10.1055/a-2107-8947. Online : https://www.thieme-connect.de/products/ejournals/abstract/10.1055/a-2107-8947
Hofstetter, Sebastian; Ritter-Herschbach, Madeleine; Behr, Dominik; Jahn, Patrick (2023): Ultrasound-Assisted Continence Care Support in an Inpatient Care Setting: Protocol for a Pilot Implementation Study. In: JMIR research protocols 12, e47025. DOI: 10.2196/47025.
Jelly Nail Stickers : Une solution de sécurité japonaise pour les personnes atteintes de démence
Orange Links: Ramenant les patients errants, atteints de démence à leur domicile
Orange Links a été fondée dans la préfecture de Saitama, au Japon en 2015. La directrice, Mme Yukiko Yoshida, a mis au point un autocollant gel pour ongles portant un code QR avec un système de vérification de l'identité. Les patients errants portant l'autocollant peuvent rapidement être identifiés par les passants à l'aide d'un smartphone.
Selon l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), environ 153 000 personnes en Suisse sont atteintes de démence. La plupart de ces personnes vivent à domicile et sont prises en charge par des membres de leur famille ou d'autres proches. L'errance peut représenter une charge et un stress important pour toutes les personnes concernées. Par rapport à d'autres moyens d'identification, tels que les dispositifs GPS, les autocollants sur les vêtements ou les porte-clés, qui peuvent être oubliés ou enlevés, l'autocollant pour ongles offre une méthode à basse intensité technologique, peu coûteuse et infaillible pour identifier les personnes errantes. Le produit a remporté le grand prix "Technologie et innovation" des Asian Health and Longevity Innovation Awards 2022 (prix asiatique de l'innovation en matière de santé et de longévité). Un entretien écrit avec Kazuhiko Sugimoto, le frère de la fondatrice Mme Yukiko Yoshida, nous permet d'en savoir plus sur ce produit.
Institut de recherche sur le vieillissement (IAF) : M. Sugimoto, pourriez-vous nous en dire plus sur la conception du projet ?
Kazuhiko Sugimoto : Une connaissance de Mme Yoshida, atteinte de démence, a été retrouvée à 20 km de leur domicile après s'être éloignée avec un vélo. Au début, tout le monde s'est étonné que cette personne se soit épuisée et égarée aussi loin, mais il s'est avéré que l'endroit où elle a été retrouvée était à proximité de son ancien lieu de travail. Mme Yoshida, qui à l'époque était une adepte des autocollants à ongles à la mode, a eu l'idée de fabriquer un autocollant à ongles à code QR doté d'un système de vérification de l'identité afin d'identifier les personnes atteintes de démence qui errent et de contacter leurs proches.
IAF : Quelles ont été les difficultés rencontrées lors du développement du produit ?
KS : Comme nous travaillons à l'origine dans le conseil et le développement informatique, nous n'avions aucune connaissance préalable du secteur des soins. Pendant environ un an, nous avons pu nous faire une meilleure idée de ce domaine en visitant des maisons de soins, des cliniques de démence, l'École japonaise de travail social et des centres communautaires.
IAF : Quelle est la contribution du produit et des technologies pour personnes âgées à la vie des personnes âgées ?
KS : Les statistiques montrent que même si les proches s'occupent intensivement des personnes atteintes de démence, il arrive quand même que ces personnes se promènent sans s'en rendre compte. L'utilisation du QR-sticker soulage la famille du stress. En outre, nous pensons que la technologie est l'un des outils permettant d'atteindre les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies. Dans notre projet, nous nous référons à l'ODD 3 « Santé et bien-être » et à l'ODD 11 « Villes et communautés durables ».
Voici d'autres raisons pour lesquelles nous pensons que le produit améliore la vie des personnes atteintes de démence :
IAF : Ou est vendu le produit et est-il disponible en dehors du Japon ?
KS : Le produit est vendu dans les municipalités et les maisons de retraite dans tout le Japon. Nous aimerions nous développer principalement en Asie et, dans un deuxième temps, en Europe. Nous travaillons avec des partenaires locaux dans chaque pays. Par exemple, nous avons pris contact avec une organisation de lutte contre la démence en Corée du Sud. Une telle organisation est nécessaire pour distribuer le produit localement et nous serions également heureux d'être contactés par des organisations et des entreprises en Europe qui souhaitent nous aider à atteindre cet objectif.
Le produit est disponible en plusieurs langues. Scannez les codes QR ci-dessous pour voir les différentes versions linguistiques :
Interview, texte et traduction : Rhea Braunwalder
Illustrations : Orange Links
Pour en savoir plus :
Orange Link
Joy for All : Un chat robotisé pour les personnes âgées
Un entretien sur "Joy for all" et d'autres technologies utilisées dans le domaine du vieillissement
Les conséquences de l'isolement social sont associées à des dépenses de santé supplémentaires de 6,7 milliards de dollars par an aux États-Unis - comparables aux dépenses liées à l'arthrite, aux maladies cardiaques, à l'hypertension et au diabète. Aux États-Unis, une initiative primée fournit des animaux de compagnie robotisés à des adultes âgés isolés dans tout l'État de New York. Nous nous sommes entretenus avec Josef Huber, un expert en technologies pour personnes âgées, au sujet du chat "Joy for all" et d'autres innovations. Il a partagé avec nous un aperçu complet des défis et des opportunités liés à la mise en œuvre de technologies susceptibles d'avoir un impact durable et positif sur la vie des personnes âgées.
Les animaux de compagnie robotisés sont utilisés depuis longtemps avec succès dans différentes thérapies, en particulier, pour améliorer les capacités cognitives des personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer ou d'autres formes de démence. Le programme pilote du NYSOFA (New York State Office for Aging) a montré que ces animaux de compagnie ont un impact positif sur la santé et le bien-être des adultes âgés à un niveau plus global. Au cours du programme pilote de 2018, 60 personnes dans 12 comtés ont reçu des animaux de compagnie animatroniques par l'intermédiaire du bureau du vieillissement de leur comté respectif. L'utilisation de l'échelle de solitude de DeJong à différents moments au cours du projet a permis de constater que 70% de ces adultes âgés ont connu une réduction (parfois considérable) de la solitude et une diminution de 75% de la douleur. C'est pourquoi le projet sera poursuivi et étendu.
Josef Huber, le directeur de SimDeC (Simulation im Bereich Dementia Care) connaît différentes technologies qui contribuent à ce que les personnes d'un âge avancé puissent vivre de manière autonome dans leurs quatre murs. Joy for all" a également trouvé sa place dans ses salles d'exposition. Le chat-robot ne suscite pas l'enthousiasme de Josef Huber personnellement, car il n'est " pas chat ", mais il observe de nombreuses personnes qui aiment jouer avec lui. Dans sa recherche, il sert plutôt de catalyseur pour les discussions et peut favoriser un discours éthique sur l'utilisation de la technologie. En utilisant une marionnette comme moyen de communication alternatif, il tente de simplifier le dialogue sur de tels sujets et de lever les inhibitions : "Nous voulons encourager les gens à dire qu'il n'est pas du tout important de comprendre comment la technologie fonctionne exactement, mais qu'il est important de voir son effet". Son expérience personnelle avec le chat robot illustre le fait que son apparence attrayante n'entraîne pas seulement des réactions positives, mais aussi quelques défis. Bien que le chat suscite des réactions positives chez les personnes âgées et semble créer un certain lien émotionnel, on constate qu'il ne répond peut-être pas à toutes les attentes en termes de sensations tactiles. Il est intéressant de noter que certaines personnes refusent d'éteindre le chat, car elles ont l'impression " de tuer le chat ", explique Josef Huber.
M. Huber se pose généralement beaucoup de questions sur la praticabilité et le rôle de la technologie dans le domaine du vieillissement : "Technologie ou technique ? Si nous parlons d'électronique, nous devons commencer à extrapoler : Qu'est-ce que cela signifie en termes d'énergie ? Qu'est-ce que cela implique en termes de données ? Quels sont les chances et les risques auxquels nous devons réfléchir" ? L'expert voit un grand potentiel dans les petits détails qui peuvent faciliter le quotidien et dans l'individualisation de l'offre sur la base d'une analyse des besoins. Il souligne à quel point il est crucial de comprendre les besoins spécifiques des personnes âgées et souhaite mettre l'accent sur "la valeur ajoutée de la technologie au quotidien". Il justifie son opinion : " Ces besoins, ils restent les mêmes. La technologie, en revanche, a des cycles d'innovation très rapides, elle change tout le temps. Si nous parlons davantage des besoins, nous pourrons également maîtriser la complexité de la technologie. Et ce sont les thèmes qui se retrouvent dans mon travail comme un fil rouge. Je veux raconter des histoires et ainsi en apprendre davantage sur les besoins. Une personne victime d'un accident vasculaire cérébral n'a pas du tout les mêmes besoins en matière d'ouvre-bouteille qu'une personne aveugle ou qu'une personne souffrant de douleurs. Et c'est là qu'il devient intéressant de faire évoluer la technique".
"Joy for all", tout comme d'autres solutions technologiques, peut apporter une contribution significative dans le domaine du vieillissement. Ces technologies doivent toutefois être utilisées de manière utile à la vie et/ou en fonction des besoins. Par exemple, une personne qui n'aime pas les chats ne sera guère satisfaite de cette solution robotique. La comparaison de différentes technologies - y compris des alternatives plus coûteuses au chat robot, comme le phoque robot "Paro" - souligne encore l'importance du choix et de l'acceptation. Un autre thème est la connotation négative liée à l'utilisation des aides. Dans le contexte de l'accessibilité, Josef Huber parle du laboratoire citoyen qu'il a fondé avec le Centre d'innovation pour la participation (simdec.ch/page/izm) comme d'une initiative innovante visant à apporter des objets dans les quartiers avec une histoire. Cela permet sur place d'identifier les besoins de la population et d'offrir des conseils sous différentes perspectives. "SimDeC est un endroit où nous pouvons nous rencontrer. (...) Nous avons ici de la place pour des personnes qui peuvent se rencontrer sur un pied d'égalité et discuter de technique. Notre mission est d'expliquer quels sont les produits techniques ou plutôt quelles sont les situations de besoin et comment nous pouvons y faire face grâce à la technique ou à d'autres possibilités d'aide, afin de rendre possible "Age(ing) in place" (vieillir chez soi)", résume M. Huber.
Interview et texte : Monika Freund Schoch
Traduction : Rhea Braunwalder
En savoir plus sur le projet de NYSOFA avec le chat robot (en anglais) :
NYSOFA Delivers Animatronic Pets to Older Adults in the North Country | Office for the Aging
En savoir plus sur le SimDeC :
SimDec
Livy Care : Assistance numérique pour le secteur des soins de santé
Entretien avec Ali Reza Humanfar
Dans un monde de plus en plus numérisé, le secteur des soins est lui aussi de plus en plus imprégné de technologies innovantes. Livy Care, un système d'assistance numérique destiné à soutenir le personnel soignant et à améliorer la sécurité des personnes dépendantes, en est un exemple probant. Ali Reza Humanfar, développeur et cerveau de ce projet, nous donne un aperçu de la genèse, des défis et des projets d'avenir de Livy Care.
Livy Care a été développé pour répondre aux besoins croissants du secteur des soins de santé. "Livy Care est un système d'assistance numérique principalement destiné à soutenir les professionnels de la santé et à améliorer la sécurité des personnes nécessitant des soins", explique Humanfar. L'idée est née d'une expérience personnelle lorsque son père a subi un AVC après plusieurs crises cardiaques. Ce défi familial a amené Humanfar, en tant qu'ingénieur, à réfléchir à des solutions techniques permettant de fournir une aide rapide en cas d'urgence et d'informer les proches.
Développer une technologie révolutionnaire
Le parcours de l'idée à la technologie achevée a été long et semé d'embûches. Humanfar a commencé ses premières réflexions dès 2010, mais ce n'est qu'en 2020 que son travail dans la technologie des capteurs a conduit au développement de Livy Care. "Nous avons utilisé la fusion de capteurs pour combiner divers capteurs, garantissant ainsi une surveillance précise et fiable", explique-t-il. La fusion de capteurs, un principe issu de la conduite autonome, permet à Livy Care de maximiser les forces des capteurs individuels et de compenser leurs faiblesses en combinant les données des capteurs.
Défis dans le développement
Le développement d'un système aussi complexe a entraîné de nombreux défis, en particulier la question des fausses alertes. "Nous voulions développer une solution qui ne produise pas de fausses alertes", souligne Humanfar. Il a fallu environ deux ans pour développer un matériel capable de combiner de manière optimale les différents capteurs. Parallèlement, un travail intensif a été réalisé sur le logiciel, qui détecte de manière fiable les situations dangereuses grâce à l'apprentissage automatique, réduisant ainsi le taux de fausses alertes à moins d'un pour cent.
Implication du groupe cible
Lors du développement de Livy Care, l'équipe a attaché une grande importance à l'implication du groupe cible. Les personnes âgées et les établissements de soins ont été intégrés dans le processus afin de s'assurer que la technologie répondait précisément à leurs besoins. "Nous avons mené de nombreux entretiens pour identifier précisément la niche et le segment de marché", explique Humanfar. En particulier dans le domaine des veilles de nuit dans les établissements de soins, les développeurs ont constaté un besoin pressant auquel Livy Care répond.
Limitations et perspectives d'avenir
Malgré les nombreux avantages de Livy Care, il existe aussi des limitations. "L'une des limitations est que notre solution est confinée aux espaces intérieurs", admet Humanfar. Livy Care ne couvre actuellement pas la surveillance en extérieur. Cependant, les objets connectés portables peuvent être un complément utile, car ils peuvent être combinés avec Livy Care. En regardant vers l'avenir, Humanfar et son équipe se concentrent sur la poursuite du soulagement des professionnels de la santé. "Nous travaillons sur des solutions qui réduisent ou éliminent les tâches de routine, permettant ainsi de consacrer plus de temps aux soins réels", déclare Humanfar.
Éthique et protection des données
Un autre aspect important dans le développement de Livy Care est la protection des données. Les données sont traitées localement, elles ne quittent donc pas la pièce. "Cela garantit le niveau de sécurité des données le plus élevé possible", souligne Humanfar. Avec le soutien d'experts en protection des données tels que le professeur Dr. Thomas Jeschke et Thomas Althammer, un système a été développé qui répond aux normes de protection des données les plus élevées.
Mission
Livy Care montre comment la technologie peut contribuer à améliorer le secteur des soins et à améliorer le quotidien du personnel soignant et des personnes dépendantes. Malgré les défis et les limites, Reza Humanfar est convaincu que Livy Care peut apporter une contribution importante à la résolution de la pénurie de soins. « Notre mission est de soulager le personnel soignant tout en garantissant la sécurité des personnes nécessitant des soins », conclut-il l'entretien.
Entretien et texte : Monika Freund Schoch
Traductions :
EN : Monika Freund Schoch
FR : Rhea Braunwalder
IT : Lisa Kortmann
Avec le soutien de l'IA
Sur la photo du bas : Amir et Reza Humanfar (les fondateurs)